Dans les montagnes près de la frontière entre l’Italie et la Slovénie, un vieil horloger a pour habitude de camper en solitaire. Une nuit d’hiver, une jeune tzigane entre dans sa tente et lui demande de l’abriter. Elle a fui sa famille et le mariage forcé qu’on lui imposait de l’autre côté des montagnes. L’homme cache la clandestine de la police et de son père qui la cherche pour la punir, peut-être la tuer.
Cette rencontre inaugure une entente faite de dialogues nocturnes sur les hommes et la vie, un échange de connaissances et de visions – elle qui croit au destin, aux signes, qui sait lire les lignes de la main, elle qui dresse un ours et l’aime comme le meilleur des amis ; lui qui se sent comme un rouage de la machine du monde et qui interprète ce monde selon les règles du Mikado, comme si le jeu était une façon de mettre de l’ordre dans le chaos. Une entente qui perdurera, bien après le départ de la jeune fille, sous la forme d’une correspondance. Jusqu’au jour où elle ne reçoit plus de lettres. Surgit alors un cahier que le vieil homme lui a légué, une confession qui l’invite, et le lecteur avec elle, à reconsidérer cette histoire sous un œil nouveau.
D’une constante intensité, ce nouveau roman impressionne par la force de sa narration et ne manque pas de nous surprendre. Dans ce récit dense et délicat, où chaque mot ouvre sur des significations plus profondes, où chaque phrase est une porte d’entrée avant tout sur soi-même, Erri De Luca nous invite à un jeu calme, patient et lucide, dans lequel même un mouvement imperceptible peut changer le cours de la partie.