Notre histoire de France

« Félix Mora était comme un animal en chasse. Il parlait avec ses yeux et ne faisait qu’observer. Tout y passait : leurs dents, leurs yeux, leurs muscles… Les candidats étaient tous torse nu. Quand il est arrivé au niveau de mon père, Mora n’a rien dit. Il l’a regardé et il l’a tamponné. »
C’est une histoire française, une histoire d’immigration aussi.
Comme des dizaines de milliers de Marocains, en 1963 le père de Mariame Tighanimine a été débauché par un agent recruteur, Félix Mora, au service des houillères du Nord et du Pas de Calais. Il fallait remplir les mines de France. Lahcen Tighanimine est alors envoyé à la mine à Lens. Avec une paie de 250 francs reçue tous les quinze jours en liquide, avec un logement et le charbon gratuit, le quotidien, loin de sa famille et de son pays, est loin d’être facile. Aucune de ces gueules noires, à qui on avait apposé un tampon vert pour rentrer en France comme du bétail, n’imagine rester. Une génération plus tard, dans l’hexagone, leurs descendants sont des centaines de milliers.
Avec force et passion Mariame Tighanimine retrace ce pan de l’histoire encore méconnu ; cet « angle mort du récit national », comme l’a écrit la journaliste Ariane Chemin. Elle raconte aussi la venue de sa mère, par le regroupement familial, le travail à l’usine, à Flins, chez Renault, après la fermeture des mines de charbon, l’installation de la famille à Mantes la jolie… Un destin arrimé à la France, où l’autrice, son frère et ses quatre soeurs sont nés.
Notre histoire de France est un récit intime, un portrait familial émouvant, qui, au fil des pages, se transforme en un antidote puissant contre les poisons identitaires de notre époque.

Et si les Beatles n’étaient pas nés ?

 

On s’obstine à porter aux nues les auteurs de chefs-d’œuvre, sans prendre la mesure des dégâts qu’ils provoquent. Ils relèguent en effet d’autres créateurs dans l’obscurité, imposent des canons arbitraires à notre sensibilité et déforment notre regard sur le passé. Ce livre propose d’étudier les mondes alternatifs où ils n’existent pas et de mettre ainsi en valeur toutes les oeuvres dont ils nous ont injustement privés.

Fille en colère sur un banc de pierre

 » Elle aurait pu renoncer. Elle aurait dû renoncer. Elle se le répéta bien un million de fois toutes les années qui suivirent. Elle eut d’ailleurs une hésitation, peut-être valait-il mieux rester, se rallonger dans la chambrée, à écouter ses deux autres soeurs qui gesticulaient dans leur sommeil, pétaient et miaulaient sous leurs draps à cause de leurs rêves lascifs tout juste pubères. Peut-être valait-il mieux abdiquer, enrager, et se délecter de sa rage, puisqu’il y a un plaisir dans l’abdication, cela va sans dire, le plaisir tragique de la passivité et du dépit, le plaisir du drapage dans la dignité, on ne nous laisse jamais rien faire, on a juste le droit de se taire, on nous enferme, alors que les autres là-bas au loin s’amusent et se goinfrent, qu’est-ce que j’ai fait dans mes vies antérieures pour mériter ça, oh comme je suis malheureuse. Peut-être aussi que le jeu n’en valait pas la chandelle. Mais le jeu, n’est-ce pas, en vaut rarement la chandelle. Le jeu n’est désirable que parce qu’il est le jeu. »

Le silence et la colère

Après l’immense succès du Grand Monde
Un ogre de béton, une vilaine chute dans l’escalier, le Salon des arts ménagers, une grossesse problématique, la miraculée du Charleville-Paris, la propreté des Françaises, « Savons du Levant, Savons des Gagnants », les lapins du laboratoire Delaveau, vingt mille francs de la main à la main, une affaire judiciaire relancée, la mort d’un village, le mystérieux professeur Keller, un boxeur amoureux, les nécessités du progrès, le chat Joseph, l’inexorable montée des eaux, une vendeuse aux yeux gris, la confession de l’ingénieur Destouches, un accident de voiture. Et trois histoires d’amour.
Un roman virtuose de Pierre Lemaitre
Les romans de Pierre Lemaitre ont été récompensés par de nombreux prix littéraires nationaux et internationaux. Après une remarquable fresque de l’entre-deux-guerres, il nous propose aujourd’hui une plongée mouvementée et jubilatoire dans les Trente Glorieuses.